Don Giovanni, K. 527 (Don Juan en français), est un opéra en deux actes et en langue italienne du genre dramma giocoso, créé à Prague le 29 octobre 1787, sur un livret de Lorenzo da Ponte inspiré du mythe de Don Juan.
Deuxième collaboration entre Mozart et da Ponte après Les Noces de Figaro, le livret est proposé par le librettiste (selon ses Mémoires) au compositeur à la fin du printemps 1787, pour répondre à une commande du Théâtre national de Prague passée en janvier 1787 après le succès de leur ouvrage précédent. Mozart y travailla du mois de juillet à la veille de la création ; sa célèbre ouverture aurait été écrite durant la nuit précédant la répétition générale.
La première eut lieu au théâtre Nostitz de Prague le 29 octobre1787,
avec la troupe qui y avait
repris Les Noces de Figaro. L'œuvre rencontre un immense
succès, contrairement à la création viennoise, le 7 mai 1788 au
Burgtheater,
qui se heurte au goût conservateur du public local (« La musique
de Mozart est beaucoup trop difficile pour le chant » écrit
Rosenberg, le 16 mai), malgré les modifications effectués par Mozart.
Il y eut néanmoins quatorze représentations.
Don Giovanni est,
avec La Flûte enchantée, l'opéra qui eut le
plus d'influence sur les compositeurs romantiques, par son mélange
d'éléments
comiques (buffa) et tragiques (seria) - synthèse annoncée
par sa qualification de dramma giocoso (« drame
joyeux »).
L'action se déroule à Séville, en Espagne, au XVIIe siècle.
Acte I
Le jardin de la maison de Donna Anna,
la nuit.
Leporello monte la garde devant la maison dans laquelle Don Giovanni
s'est introduit afin de séduire Donna Anna, la fiancée d'Ottavio.
Soudain, Donna Anna surgit poursuivant Don Giovanni.
Elle veut découvrir son identité et appelle à l'aide ; lorsque son père
le Commandeur survient, il provoque l'agresseur en duel. Il est frappé
à mort par Don Giovanni,
qui prend la fuite sans avoir été reconnu. Donna Anna est profondément
choquée, et Don Ottavio jure vengeance.
Une rue près d'une auberge à l'aube.
Don Giovanni et Leporello se retrouvent. Donna Elvira, qu'il a presque
épousée puis abandonnée à Burgos, apparaît alors en cherchant celui qui
l’a délaissée ; Don Giovanni ne la reconnaît pas et essaie de
l’entreprendre. Lorsqu’il la reconnaît et constate son erreur, il
s'esquive, la laissant avec Leporello, qui essaie de la consoler en lui
présentant la liste des conquêtes de son maître.
Elvira jure de se venger.
La campagne, le matin.
Un cortège de villageois qui préparent le mariage de Masetto et Zerlina
entre en scène. Don Giovanni remarque Zerlina, qui lui
plaît, et se débarrasse du fiancé jaloux, Masetto, en l’envoyant avec
Leporello préparer une fête dans son château. Dès que Don Giovanni
est seul avec Zerlina, il cherche à la séduire. Mais Donna Elvira les
trouve et éloigne Zerlina avant qu'elle ne cède.
Don
Giovanni croise alors Donna Anna et Don Ottavio. Donna Elvira, de
retour, les met en garde contre celui qui l'a abandonnée. Don Giovanni
répond à ses accusations en essayant de la faire passer pour folle,
sans arriver à convaincre ses interlocuteurs.
Après son départ, Anna réalise avoir reconnu en Don Giovanni, à sa
voix, le meurtrier de son père, et raconte l'agression à Ottavio, en
l’exhortant à la venger.
Leporello informe Don Giovanni que les invités à la fête sont arrivés,
qu'il a réussi à occuper Masetto, mais que le retour de Zerlina a tout
gâché ; il a cependant réussi à se débarrasser d'Elvira. Don Giovanni
se montre insouciant et joyeux et retourne
au château.
Le jardin de la maison de Don Giovanni.
Zerlina suit Masetto et essaie d’apaiser sa jalousie, mais une dispute
les sépare. Don Giovanni tente alors de conter fleurette à Zerline,
mais découvre Masetto et il les invite tous les deux
au bal.
Arrivent Elvira, Ottavio et Anna, masqués ; Leporello les invite aussi,
sur ordre de son maître. Ils
invoquent le ciel avant d’entrer.
Une salle de bal chez Don Giovanni.
Don Giovanni et Leporello accueillent tout le monde, les paysans puis
les nobles masques. Trois
airs de danse se superposent : menuet, contre-danse et danse allemande.
Tandis que Leporello attire l’attention de Masetto, Don Giovanni
entraîne Zerlina à l’extérieur. Lorsque Zerlina crie à l’aide, Don
Giovanni joue la comédie en menaçant
Leporello de son épée, l’accusant d’avoir voulu séduire Zerlina.
Personne ne le croit ; Donna Elvira, Don Ottavio et Donna
Anna se démasquent, la foule l’encercle, mais il réussit à s’enfuir.
Acte II
Une rue, la nuit.
Leporello veut quitter son maître, mais Don Giovanni le convainc de
rester, et même d’échanger ses vêtements avec lui pour l’aider à
séduire la camériste d’Elvira. Elvira apparaît à
son balcon et Leporello, déguisé, lui
mime la déclaration d’amour que chante Don Giovanni dans son dos. Elle
prend le valet pour le maître et part avec lui.
Don Giovanni chante
alors une sérénade à la camériste d’Elvira. Surpris par Masetto et ses
amis qui cherchent à le rosser, le faux
Leporello envoie les paysans à la recherche de Don Giovanni, puis bat
Masetto avant de se sauver. Zerlina
retrouve son fiancé Masetto en mauvaise posture et le console.
Devant la maison de Donna Anna.
Elvira et Leporello sont rejoints par Ottavio, Anna, Masetto et
Zerlina, qui veulent tuer le pseudo-Don Giovanni. Elvira implore leur
pitié face à celui qu’elle croit être son époux, mais Leporello dévoile
son déguisement. Il demande grâce, et réussit à s’enfuir. Ottavio voit
dans ces
événements la preuve que Don Giovanni est bien l’assassin du
Commandeur, et promet à nouveau de le venger.
Un cimetière, la nuit.
Leporello raconte les récents événements à Don Giovanni, qui rit aux
éclats. Une voix provenant d’une statue lui demande de laisser les
morts en paix. Sur ordre de Don Giovanni, Leporello lit l’inscription à
la base de la statue : « Dans ma tombe, j’attends ma
vengeance ». Le
valet tremble de peur, mais son maître le force à inviter la statue à
dîner. La statue hoche la tête et répond « Oui », Don
Giovanni et
Leporello s’enfuient.
La chambre sombre de Donna Anna.
Don Ottavio cherche à distraire Donna Anna de la mort de son père et
lui offre une nouvelle fois son amour. Encore choquée, Anna hésite à
lui répondre, ce qui l’afflige profondément. Devant sa déception, elle
lui confirme son amour.
Une salle à manger, chez Don Giovanni
Don Giovanni commence son repas, pendant que les musiciens interprètent
des airs d’opéra à la mode, dont le fameux Non più andrai des Noces de
Figaro. Elvira entre alors, et essaie encore de
convaincre une dernière fois Don Giovanni de se repentir. Mais ce
dernier se moque d’elle. En
partant, Elvira pousse un cri de terreur. Leporello va voir ce qui se
passe et hurle à son tour, car il a vu la statue du Commandeur qui
s’approche, et frappe à la porte. Comme son
valet refuse d’ouvrir, Don Giovanni s’en charge.
Le Commandeur entre,
mais refuse de s’asseoir à table. Il
invite à son tour Don Giovanni à dîner ; ce dernier accepte et prend la
main qu’il lui tend. Don Giovanni est alors immobilisé : la statue lui
demande de se repentir, mais Don Giovanni refuse. Le Commandeur se
retire donc et Don Giovanni est englouti
par les flammes de l’enfer.
Tous les autres personnages arrivent alors avec des officiers de
justice emmenés par Ottavio, en cherchant l’assassin. Leporello leur
apprend ce qui vient de se passer. Anna
consent à épouser Ottavio après le deuil de son père. Elvira décide de
se retirer dans un couvent. Zerlina et Masetto
vont dîner avec leurs compagnons, tandis que Leporello part chercher un
meilleur maître. Tous chantent la morale de l’histoire : la mort des
méchants est égale à leur vie.